
La diagonale des fous – Immersion sonore sur une course mythique
Quand j’ai lancé ce podcast, je m’étais donné l’ambitieux objectif de sortir un épisode par mois. Nous sommes bientôt en février, et …. Bah ce n’est pas le cas !
Après un gros chamboulement et une pression énorme que je m’étais mise (pour rien, soyons clairs), un syndrome de l’imposteur (cerveau, fou moi la paix et va courir un coup stp), et des petites claquounettes sur l’ego, j’ai pris le temps de digérer tout ça … Et me revoilà 😀
J’ai notamment réalisé que :
- Ce n’est pas mon travail, c’est du bonus et un plaisir personnel intersidéral, ça doit rester comme cela et non pas se transformer en NÉGATIF.
- Que même si j’y ai investi corps et âme, certes c’est un peu mon bébé, mais il ne peut pas plaire à tout le monde, et c’est ok, et ça ne veut rien dire de spécial sur moi, et ça plait à d’autres gens aussi 😊
- Qu’il va falloir que je me détache du regard et des avis du monde qui m’entoure – quel curieux phénomène que le déchaînement gratuit sur la toile, cela dit en passant !
- Que ça sortirait quand ça sortirait, n’ayant pas encore inventé le clonage, je me contenterais de pouvoir faire ce que je peux, au rythme que je peux 😊
J’ai surtout retrouvé l’essence même de pourquoi je le faisais : curieuse et touche à tout, avant un quelconque résultat tout ça me vient d’une envie viscérale de communiquer, de partager. De plus, ça me permet d’avoir l’opportunité de parler avec des gens cultivés, passionnés dans leur domaine, qui me donnent tout ça avec le cœur : je ressors de chaque interview grandie, galvanisée par la découverte d’un nouveau domaine, d’un nouveau trésor, avec de nouvelles vibrations.
Et le besoin de transmettre qui en découle est vraiment plus fort que le reste 🙂
Fin de la parenthèse personnelle, place au reste !

Expérience kinésithérapeute avec la TEAM EDF – GR 2020
Petit retour sur l’épisode passé, en attendant la sortie du prochain !
La diagonale des fous : la 1e fois que j’en ai entendu parler, c’était lors d’un ultra-trail en Lozère où je fus bénévole pendant mes années d’études de kiné.
A la fin de la course, nous massions les athlètes. C’était l’occasion d’échanger un peu avec des sportifs d’une discipline que je connaissais peu : le trail, plus précisément l’ultra-trail. Parmi les grosses échéances de l’année dont les coureurs me parlaient, il y avait une course « mythique », m’a-t-on dit, qui se passait à la Réunion. Ça s’appelait la Diagonale des fous !
Lorsque j’ai rencontré les premiers confrères et consœurs de l’île, on m’a rapidement dit que c’était un événement à ne pas manquer, surtout en tant que kinésithérapeute où l’expérience de bénévole valait la peine d’être vécue.
Ni une ni deux, je me suis rapprochée de l’organisation, et j’ai réussi à être positionnée en plein cœur de Mafate avec une Amie qui était en vacances ici sur la période (coucou Alice).

Manger de la Pizza dans Mafate – une apparition dans le reportage de la Team Salomon – Accueil et arrivée à Marla
Quelques heures de sommeil volées, glacées sous une couverture de survie
La majestueuse Plaine des Merles
Mais quelle aventure : coupés du monde pendant 3 jours, nous avons vécu au rythme de la sono, des straps et des diagnostics à poser, dans une configuration de soins bien particulière car le but n’était pas de soigner-guérir, mais tout au mieux de soulager ou simplement faire en sorte que les gens puissent finir la course.
J’ai découvert le pouvoir du mental, l’état hallucinatoire que le corps impose lorsque l’on dépasse ses limites, la motivation qui poussait tous ces gens à aller au bout de cette absurdité physique. Le virus du Trail à tout de même, malgré l’état catastrophique des coureurs que nous tachions de soigner, réussi à me contaminer.
Certaines personnes économisent pendant 2, voire même 3 ans pour faire cette course : imaginer ce que impose la décision d’arrêter cette personne.
Autre moment assez mémorable : le passage des élites, être interviewée et filmée, avoir le temps de faire quelques photos de la tête de course.

François D’Haene – Co vainqueur édition – GR2018
Parmi mes autres souvenirs forts, il y a cette nuit de soin : nous avions prévu un roulement pour essayer de grapiller quelques heures de sommeil. Après un succession continue de soins pendant quasiment 2 heures, j’ai fini par réussir à aller m’aérer hors de la tente quelques minutes. Mais quel spectacle : des corps dans des couvertures de survie, partout sur la pelouse devant la tente. J’ai eu un moment de panique – malheureusement j’associerais toujours un peu ces corps allongés en trop grand nombre sous ces couvertures dorés à l’image des malheureux attentats de Paris – puis j’ai contemplé cette scène un peu surréalistes de ces couvertures scintillantes sous nos frontales.
Passé ce moment de surprise, je suis allée chercher mon appareil photo pour immortaliser un moment dont les bénévoles du site (habitués depuis des années) m’avaient parlé : le défilé des frontales descendant le col du Taïbit. J’espère secrètement avoir une fenêtre de tir parmi les nuages qui ont envahi le cirque depuis le coucher du soleil : je grimpe un peu hors du campement pour m’éloigner de la pollution lumineuse, je déplie vite fait mon trépied et je m’octroie ce quart d’heure magique de prise de vue. Quelques étoiles, un manteau fantomatique de nuages coiffant les sommets, et le sublime défilé des lucioles dans la descente du Taïbit.

Concernant les soins, je n’ai jamais posé autant de straps de ma vie, et je nepense pas que j’en reposerais autant un jour. A croire que les coureurs pensait que la colle était magique, aux quelquonque pouvoir guérisseur ! Mais entre ressembler à une momie et envisager un abandon, chacun pose le cerveau et nous, on leur met du strap. J’ai jamais autant tenté d’utiliser mon effet placebo de soignante pour en augmenter l’effet « vous allez tout de suite être mieux », avec ma plus sincère conviction.
La palme des blessures, c’est le mec qui nous a demandé de lui strapper les ******* pour que ça arrête de frotter…! Je parle effectivement bien de ce qui ballottait depuis 100 km dans son short : on a bien cru à une blague, il était extrêmement sérieux, on a du parler un petit moment pour le convaincre que non, ce n’était pas une bonne idée.
Ah oui, les frottements. Parlons en des frottements : entre la voûte plantaire, les tétons et ton entrejambes … j’étais loin d’imaginer que courir pouvait provoquer des saignements, des trous et des plaies pareilles : et surtout que les gens continueraient de courir avec ça.

Souvenir d’un pied pas trop sale
Et nous, professionnels de santé, on nous demande l’impossible : j’ai mal au genou, je peux faire quoi ? La vraie réponse, c’est « arrête de courir », mais elle n’est pas spécialement possible ce jour-là. Du coup, on redouble d’ingéniosité et d’empathie, on branche son effet placebo et on essaye de trouver des solutions, là où il faudrait tout simplement s’arrêter.
J’ai été fascinée et complètement charmée par les anonymes des sentiers qui considéraient ça comme une routine. D’ailleurs, le dernier soin que j’ai effectué, c’est sur un homme qui venait de descendre le Taïbit pendant le trail bourbon : il avait pris un caillou projeté sur sa cheville pendant qu’il courait dans la descente, n’avait pas pris le temps de s’arrêter pour regarder et souhaitait qu’on jette un œil.
Même pas eu besoin de faire les critères d’Ottawa, je crois que je n’avais jamais vu quelqu’un marcher (ou essayer de courir en l’occurrence) avec un hématome pareil. A l’aide des médecins, on suggère un diagnostic hypothétique de fracture de la malléole externe. On lui dit qu’on peut appeler le PGHM pour s’extirper du cirque (c’est d’ailleurs la seule héliportation qu’on a évoqué à ce poste lors de ce week-end) : le monsieur nous a ri au nez, il a appelé sa femme en disant « Viens me cherche à Cilaos, je repars en sans-inverse ! Et en s’adressant à nous : bon elle va être contente, je rentre plus tôt ce coup-ci, c’est mon 8e Trail Bourbon et celui-ci, elle ne voulait pas que je le fasse. «
Et ni une ni deux, un strap, un doliprane et il repartait en sens inverse après avoir déposé son dossard. Je suis, et je reste fascinée par ces créoles pour qui le Grand raid, c’est simplement une longue balade de santé dans leur magnifique île natale.
Bref, je suis revenue de cette expérience stupéfaite et galvanisée par cette événement. L’an prochain, je re-signe !

Kinésithérapeute sur le poste de La Possession – Team EDF – GR 2019
Lorsque j’ai commencé le podcast, la diagonale des fous était un épisode immanquable du tour de l’île sonore que je m’apprêtais à faire.

- Expectation
A l’image du 1e podcast j’avais une idée assez globale de la couleur que je voulais donner à cet épisode. Je voulais que vous soyez transporté par cette course, que vous en sentiez l’énergie et la motivation des coureurs, que vous soyez aussi émus que moi de voir les coureurs arrivés.
Une amie, Claire, m’a longtemps parlé des Joëlettes et de son projet de faire le Grand raid avec eux. Je trouvais ça magique de pouvoir vivre cet évènement d’une autre manière. Et surtout, je trouvais ça important de sensibiliser un maximum de personnes au sport adapté, au sport pour tous. Qu’avec la volonté il y a des choses incroyables à réaliser pour les autres.

Immersion avec RAJ – Claire Jarillon
Pour la suite, j’aurais aimé parlé à une des têtes d’affiches de la course : Avoir le témoignage du 1e et du dernier de la course, je trouvais ça a la fois fabuleux et poétique.
J’aurais aimé donné la parole au staff médical qui œuvre de façon gigantesque en coulisse, il me tenait à cœur de mettre en lumière ces acteurs au combien précieux mais dont on parle rarement.
Par ailleurs, je savais que la Clinique du Coureur viendrait spécialement pour événement, avec tout le staf enseignant. Dans un coin de ma tête à commencer de se dessiner l’idée d’un épisode bonus tourné sur le côté physio & la diagonale des fous… 😊

2. Reality
En soit, il n’y a qu’avec les Joëlettes que les choses se sont passé comme prévus, et avec la clinique du coureur.
J’ai oublié d’appuyer sur « record » lors du lancement du départ alors que j’avais spécialement fini plus tôt pour aller à saint Pierre et faire du son sur les heures pré-départ. La bande son qui passe, je l’ai exportée de la story que j’avais quand même pensé à faire en même temps. « Ça démarre bien », que je me dis.
Non sans mal, après avoir fait un flop sur quelques demandes, j’ai réussi à obtenir un peu de temps avec Benoit Girondel après la course (Merci Margot, merci Julien, son manager) : mais c’était sans compter l’ironie du balisage qui entacha sérieusement tous les plans de course, le mien y compris. Difficile de se retourner sur la situation, et je n’ai pas eu à cœur de parler du balisage dans le podcast. Ça ne reflétait pas ni l’ambiance ni la couleur que je souhaitais transmettre. Ce fut un épisode bien malheureux pour les élites : ça vous saccage un course si durement préparé. Et je comprends qu’on ait spécialement eu envie de parler après cela. Je me retrouve donc avec … un énorme vide dans ce qui me semblait être la pièce maîtresse de l’épisode.

Vue depuis Marla / GR 2018
Assez frustrée et déçue ; je repars au charbon sur le terrain en me disant, bon allez j’oriente cet épisode différemment, c’est pas grave. Dans un coin de ma tête, j’avais déjà bien pensé au Dr Rémy Mamias : je savais qu’il parlait volontiers au micro, mais le problème était de le contacter et de réussir à avoir de son temps pour créer du contenu intéressant. J’ai démarré mon immersion sans savoir si c’était possible d’obtenir des paroles de sa part, ou non. J’ai fini par avoir son accord, avec un « trouve moi à la Redoute le Jour J », challenge accepted.
Mon épisode commence à grossir, je me dis que je vais m’orienter sur une narration perso, et des micro-arrivée, ainsi que l’imersion avec les joëlettes.
La suite, vous la connaissez 😊

Team des interviewés – Clinique du coureur
Sébastien Cornette « Coach Seb » / 🙂 / Flavio Bonnet / Florence Morisseau
Episode special : la Clinique du Coureur
J’avais été formée au 1.0 en janvier dernier, et j’ai été conquise par la philosophie et l’apport scientifique de ce courant de pensée dans ma pratique kiné.
Lors de ma formation Mckenzie, j’ai eu la chance d’avoir pour formatrice Florence Morriseau, co-directrice de la Clinique du Coureur France et également coureuse d’ultra-trail, inscrite sur le grand raid. J’avais déjà demandé à Flavio un temps pour une interview, auquel il a accédé volontiers : Florence également, en ajoutant aussitôt « si tu veux parler à Flavio et à moi parce que tu aimes ce que nous avons a dire : il faut que tu rencontre Seb ». En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’ai eu 3 collègues inspirants et passionnés au bout de mon micro.
Et puis, comme le fondateur de ces préceptes, Mr Blaise Dubois, était également ici … J’ai pris mon courage à deux mains lors d’une séance de dédicasse et je suis allée lui demander : 4e invité, c’est bouclé !
Quel bonheur que de réaliser cet épisode avec des confrères que j’admire, à avoir l’opportunité de transmettre leur façon d’être et leur message : d’une accessibilité et d’une gentillesse simple, je mesure la chance que j’ai eu d’avoir pu être le réceptacle de ces précieuses conversations, tant pour la néo-podcasteuse que je suis que pour la jeune kinésithérapeute pétrie d’ambitions.
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Voici ainsi donc les coulisses de ce 2e épisode oh combien passionnant (et fatiguant aussi) à réaliser.
Je remercie encore toutes les personnes qui ont été là dans l’ombre, du soutien qui m’a été fourni. Je remercie particulièrement les paires d’oreilles qui ont bien voulu me donner leur avis avant la diffusion ! Merci à mes ré-écouteurs et conseillers anonymes et bienveillants pour leurs retours constructifs et pertinents, y compris dans les jours de doute.
Merci à Claire de m’avoir introduit au sein des Joëlettes, à toute l’équipe de RAJ qui m’a accueilli avec une bienveillance hors norme.
Merci au Docteur Mamias pour son temps et le contenu de qualité qui m’a été délivré.
Merci à Flavio Bonnet, Florence Morisseau, Sebastien Cornette et Blaise Dubois de la Clinique du Coureur : pour leur disponiblité, leur enthousiasme à l’idée de l’épisode !
Merci aux anonymes passionnés qui ont bien voulu me donner quelques mots après leur arrivée.
Et un grand merci à vous, auditeurs.trices qui êtes allés laisser trainer vos oreilles quelques minutes pour écouter cet épisode.
Vous pouvez le trouver ici
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A bientôt,
Prenez bien soin de vous.